Par Zorno, le 12/11/2013 à 13:42. Note : 8/10
Radiation 2013 est une double nouvelle. Double parce que Marillion, fait exceptionnel, reconnait n'avoir pas totalement réussi un album, et parce que cet album, au potentiel au demeurant énorme, s'en trouve du coup sauvé des eaux.
En l'occurrence, de choix d'arrangements douteux à une mise en son particulièrement déficiente signée Stewart Every (le son de batterie en particulier qui donnait l'impression qu'Ian Mosley jouait avec des baguettes en balsa sur des toms en mousse, une cata !). Et donc, 15 ans plus tard revoici Radiation dans un package incluant le mix d'origine en bonus d'une nouvelle version ô combien bienvenue, une bonne manière de comparer pour ceux qui n'avaient pas fait l'acquisition de l'album à l'époque. Et là, mes aïeux, y a pas photo !, le vilain petit canard se mue en un majestueux cygne blanc et prend son envol sous nos yeux ébahis. Pas que ce soit exactement une surprise d'ailleurs parce que, basiquement, les chansons étaient bonnes, allez on admettra que Now She'll Never Know et Born to Run étaient un tout petit peu en dedans mais, 2 morceaux sur 7, le ratio restait très acceptable et cette pop progressive, plus à rapprocher du Radiohead d'OK Computer (de la voix plaintive de Steve à la guitare aérienne de l'autre Steve, Rothery) que des vieux dinosaures 70s desquels on rapproche souvent Marillion (Genesis, Camel, Pink Floyd), ceci de fort belle facture... Enfin, si la mise en son avait été au diapason de l'inspiration !
Or donc, les cris d'orfraie de fans scandalisés par un traitement autant "par dessus la jambe" ont fini par payer. Et la discographie de Marillion s'en retrouve, du coup, bouleversée quand à savoir quels albums de la période Steve Hogarth (1989 à aujourd'hui) il fallait absolument conseiller. Parce que Radiation 2013, s'il n'est pas parfait, rattrape fantastiquement la cagade sonique de Radiation 1998. Parce qu'il est bon goûter, sans avoir à faire preuve d'imagination ou, au moins, de résilience, à des Under the Sun, Answering Machine, Three Minute Boy, Cathedral Wall, etc. Tous des titres de qualité au moins égale au meilleur d'Afraid Of Sunlight des mêmes, mètre étalon progo-pop moderne réussi s'il en fut. Ici, intelligemment remanié par Michael Hunter qui, à l'image d'une pochette où un beau ciel bleu succède a un chaos rougeoyant, a aéré la "bête", l'a rendue plus organique en gommant des gimmicks malheureux déjà datés au temps de sa sortie initiale tout en en conservant la substantifique moelle. De fait, tout le groupe bénéficie de ce lifting mais c'est, évidemment, la batterie, ô combien dynamisée !, qui en sort grande gagnante... Il faut dire qu'elle en avait immensément besoin.
Bref... Que ceux qui s'étaient penché sur Radiation en 1998 et en conservent un funeste souvenir n'hésitent pas à y replonger, que les autres s'y jettent sans retenue, ils ne seront pas déçus par le potentiel enfin totalement révélé d'un album majeur d'un groupe pas si mineur que ça.